Le crayon à papier

Le crayon qu'on fait danser le coeur léger
virvoltant, s'élançant à travers les pages.
Le crayon qui croque différentes images,
qui s'énerve et fait des trous sur le papier.

Le crayon dont l'empreinte peu à peu s'efface,
la gomme n'en laisse plus que quelques traces,
si certains écrits ou dessins fugaces,
bientot la présence sur la feuille agacent !

Le crayon que l'on ronge et malmène,
celui que l'on taille, parfois au couteau.
Le crayon qui passe de l'amour à la haine
et qui s'épuise à éponger le flot des mots.

Le crayon qui fait saigner l'imagination
sur une mer de papier qu'il écume,
sa courte et oubliée vie est faite de soumission,
et telles les cigarettes il semble qu'on le fume.

Le crayon, pourtant membre du grand arbre,
qui sous la peinture prend l'apparence qu marbre,
celui qui a du renoncé à l'écorce et à la sève
pour les dents ou la main qui bientot l'achève.